Il est des icônes auxquelles on ne touche pas... quoique ! Ce week-end, les 24 Heures du Nürburgring ont une fois encore été marquées par une très longue interruption au drapeau rouge en raison des conditions météorologiques. Si la sécurité des concurrents reste une priorité, l'évolution du sport automobile moderne peut parfois poser des questions. D'aucuns rétorqueront que la critique est facile depuis un siège de bureau devant un pc, sauf que cette réserve au sujet d'une épreuve de 24 heures réduite à moins de 10 heures est partagée par certains acteurs ayant une grande expérience de la Nordschleife.
C'est ainsi qu'Olivier Muytjens a tenu à réagir au terme de cette nouvelle édition tronquée. Et sur le coup, on peut difficilement lui reprocher de parler de choses qu'il ne connaît pas. Le pilote originaire de Moresnet revient sur les circonstances qui ont amené la Direction de Course à mettre l'épreuve sous cloche aussi longtemps...
"J'ai pris le départ des 24 Heures du Nürburgring hier, et j'ai roulé en pneus intermédiaires pendant une heure trente, avant de tomber dans un déluge m'obligeant à ralentir et à passer en pneus pluie pendant une autre heure et demie, explique Muytjens. Ensuite Kurt Dujardyn et Jacques Derenne ont pris le volant. Lors du relais de Jacques, le boullard est tombé entre le "Bellhof S" et l'entrée du "GP", soit 5 kilomètres de brouillard sur les 25 que compte le circuit. Là dessus, le Directeur de Course a pris l'excellente décision de mettre cette zone en Code 60. Cette règle a été proposée l'an dernier par un groupe de personnes dont je fais partie, puisqu'en 2020 également il y a eu un long drapeau rouge injustifié.
Suite à ce long Code 60, plusieurs équipes de GT3 ont été à la Direction de Course pour se plaindre qu'après un aussi long Code 60, les pneus de leurs voitures sont froids (les nôtres pas, bien sûr) et qu'ils n'arrivent plus à les chauffer. A alors été prise la décision de neutraliser la course pour 14 heures. Même un chef de team d'une équipe sur le podium m'a dit être scandalisé, c'est tout dire...
Peut-on attendre d'un pilote pro sur une GT3 de faire 7-8 virages à 80% de ses limites pour chauffer ses pneus avant de remonter sur le grand circuit en pneus chauds ? Moi, je dis oui !
Les 24 Heures du Nürburgring, c'est est pour nous l'épreuve phare de l'année, et j'adore cette course. Force de constater que quelques petits pleurnichards sont en train de la casser, et de casser le mythe "Green Hell". En plus, mettez-vous à la place de tous ces Gentlemen Drivers (80% du plateau) qui sont des gens pour la plupart bien occupés par leur vie professionnelle. Ils bloquent une semaine pour venir rouler un relais qui leur coûte une fortune. Pour vous donner une idée, un pilote amateur roulant dans une équipe de quatre sur une GT4 cette année a fait des kilomètres à 100 € l'unité !
J'ai connu cette épreuve à 200 voitures, l'an dernier il y en avait 96, et cette année 125. Si ça continue, ça deviendra une course avec 40-50 voitures de pointe, point final !
Je suis peut-être 'Old School', mais en sport automobile comme dans la vie, il faut arrêter de prendre en compte l'avis de toutes les minorités, et revenir à des gens qui osent prendre leurs responsabilités, et par conséquent des risques !"
Cet avis autorisé, nous le partageons ! Il met en exergue les travers d'une société qui veut laver plus blanc que blanc, au sein de laquelle la sécurité est poussée à son paroxysme. Coûte que coûte. Ce qui n'est pas nécessairement raccord avec le sport auto tel que certains le conçoivent. A méditer... (Vincent Franssen)