S'il ne s'agit pas de la première victoire féminine dans l'une des catégories des 24 Heures de Spa (Florence Duez, Kate Rafanelli et Yolanda Surer s'étaient imposées dans le Groupe 3 sur BMW en 1996), le succès des Iron Dames dans la Gold Cup, doublé d'une 18ème place du classement général, n'est nullement passé inaperçu le week-end dernier. Maintenant que le calme est revenu sur la perle motorisée des Ardennes, que les cailloux ont retrouvé leurs bacs et que les tribunes attendent les prochains spectateurs, il nous a semblé intéressant de revenir sur le succès de Sarah Bovy, Rahel Frey, Michelle Gatting et Doriane Pin au volant de la Ferrari 488 GT3 Iron Lynx. A tête reposée, et à l'abri de la 'touffeur' ambiante.
Entre une séance de sport et deux autres interviews, Sarah a retrouvé son cocon. Et elle savoure l'instant... "Cette édition m'a surtout permis de comprendre toute la différence entre une participation aux 24 Heures de Spa décidée en dernière minute, et l'organisation d'une équipe professionnelle dans le cadre d'un programme longue durée, commente la Liégeoise. Car cette victoire en Gold Cup ne coulait pas de source. Pour ne rien vous cacher, au terme des tests, des essais libres et des qualifications, nous n'en menions pas large ! Nous n'étions clairement pas là où on voulait. Nos ingénieurs ont pris les choses en main, avec pour objectif premier de nous fournir une voiture destinée à aller jusqu'au bout sans perdre de temps, plutôt que tenter d'en gagner. Comme prévu, au coeur de la nuit, nous étions très rapides, mais la situation se compliquait une fois que les températures remontaient. Lorsque le jour s'est levé, nous étions en tête de la catégorie, et il ne nous restait plus qu'à gérer. Nous avons bénéficié d'un certain confort, dès l'instant où nos adversaires directs ont commis des erreurs pour tenter de remonter au classement... C'est la première fois que je me retrouve au coeur d'une victoire construite de cette façon. C'était impressionnant à observer, à analyser. Nous avons fait le boulot en évitant les pièges. Et nous l'avons emporté..."
Dans le contexte des 24 Heures 2022, avec 66 GT3 au départ, la 18ème place finale constitue un autre résultat de choix. "Et il ne s'agit nullement de chance, reprend Sarah. Il y avait clairement du niveau dans cette catégorie Gold Cup. Je suis d'autant plus contente du résultat qu'avec cette victoire, nous nous retrouvons en tête de la Gold Cup au championnat. Il nous faut désormais gérer Hockenheim et Barcelone, mais le titre est clairement à notre portée !"
Agée de 18 ans seulement, la jeune Française Doriane Pin a assuré sa part de boulot en rejoignant le trio Bovy-Frey-Gatting. "Elle s'en est très bien tirée, sourit Sarah. En fait, cela m'a renvoyé quelques années en arrière. Je me suis revue débuter aux 24 Heures de Spa, moi, jeune demoiselle, raison sans doute pour laquelle j'ai été très protectrice avec elle durant le week-end. Mais au volant, elle n'a besoin de personne. C'est elle qui était dans l'auto au moment du drapeau rouge. A cet instant, nous étions 13èmes du général, et ce Restart, au beau milieu des voitures de pointe, elle l'a géré à merveille..."
A l'issue d'une première partie de saison très intense, Sarah va désormais profiter de trois semaines plus calmes, avant l'European Le Mans Series à Barcelone, à la fin du mois. "Le rythme des courses est soutenu, mais je ne vais certainement pas me plaindre. J'ai la chance de pouvoir compter sur un soutien énorme de mes proches, qui comprennent mon mode de vie. Mieux, ils m'encouragent. Tout n'est pas toujours facile, car en dehors de la course, j'ai aussi un boulot qui me permet de gagner ma vie, mais la passion de la course est telle qu'elle prend le pas sur tout le reste. Si jamais l'aventure Iron Dames devait s'arrêter, ce qui n'est heureusement pas le cas, je sais que je ferais encore de la course auto. C'est dans mes gènes..."
Ce qui nous amène à 2023... "Il est encore un peu tôt pour y penser et en discuter. Globalement, tout le monde est content de la manière dont les choses évoluent. Je suis pilote Bronze, et je pense que je le resterai l'an prochain. En fait, je ne vois pas pourquoi il en irait autrement. Rahel est Gold, Michelle est Silver et je suis Bronze. Elles sont dès lors plus rapides que moi (1"2 en moyenne au tour sur Francorchamps. ndlr), et quand je vois des pilotes Bronze comme Ben Keating, par exemple, je pense être à ma place. Je le répète, je n'ai pas que la course dans la vie. Je suis donc une pilote de la catégorie 'amateur', et mine de rien, je ne rajeunis pas..."
Dans la foulée de l'ELMS en Catalogne, cinq courses vont se succéder en six week-ends. Sarah Bovy reprendra sa valise, et partira vers de nouvelles aventures, dans d'autres pays, sur d'autres continents. Sous le signe des Iron Dames. Et comme de bien entendu, on vous tiendra au courant. Go, Sarah, Go ! (Vincent Franssen / Photo D.R., Letihon.be & C. Delfosse)