Si pour le grand public, cette semaine d’avril aura été marquée par l’incendie ayant considérablement abîmé ce joyau du patrimoine qu’est Notre-Dame de Paris, sur la planète sport auto en Belgique, les dernières heures ont été plus que chahutées après l’annonce de la non-concrétisation du programme du RACB National Team en TCR Europe avec Denis Dupont. Et sur ce coup-là, aucun milliardaire ne s’est précipité, chèque à la main, pour réparer ce qui pouvait l’être…
Au-delà de l’info brute qui voit – hélas - Denis Dupont se retrouver à pied à l’aube de la saison, c’est la déferlante de commentaires à l’encontre du RACB National Team qui interpelle. Plutôt que d’entrer dans cette danse, il nous a semblé utile de prendre la température auprès d’un personnage totalement impliqué dans ce RNT… mais qui jouit aussi, et surtout, d’une forte image auprès du grand public. Les divers commentaires, Marc Duez les a lus, vus et entendus, et il tient à donner sa vision des choses. Et commence par revenir sur ce qu’il convient désormais d’appeler l’Affaire Dupont…
"L’origine de tout ça remonte à l’an dernier, explique Duez. Au moment de l’accord entre Cupra et Comtoyou Racing, la structure de Jean-Michel Baert. L’idée était de mettre Denis Dupont dans la pièce, dès l’instant où chez Audi Sport, ils avaient jeté leur dévolu belge sur Fred Vervisch, et qu’il était clair qu’il n’y aurait pas de deuxième pilote en noir-jaune-rouge. L’affaire s’est corsée quand Cupra a transformé son soutien en pièces de rechange, plutôt qu’en monnaie sonnante et trébuchante. Dès cet instant, Comtoyou devait financer les deux volants, ce que les partenaires de Tom Coronel et Aurélien Panis ont réussi à faire. Tant mieux pour eux ! De son côté, Denis Dupont se retrouvait sans partenaire, et dès le stage de Tubize, nous avons été très clairs : le RACB National Team pouvait financer une auto en TCR Europe, pour le vainqueur du Volant Gilles Magnus, et pas deux ! C’est là que Jean-Michel Baert est intervenu, en disant que Denis Dupont devait rouler, et qu’en sa compagnie, il allait chercher des solutions et des partenaires. Un projet qui a finalement capoté, car aucun financement n’a été trouvé, et les relations entre Jean-Michel Baert et le pilote se sont quelque peu dégradées pour différentes raisons, pour en arriver à la situation officialisée ce mardi, et qui est bien sûr regrettable…"
Le RACB National Team n’a-t-il pas dès lors officialisé trop vite une participation qui ne bénéficiait d’aucun financement digne de ce nom ? "Jean-Michel Baert voulait faire rouler Denis sous les couleurs du RNT, rappelle Duez. De notre côté, nous avions été très clairs quant aux moyens disponibles, ou plutôt indisponibles. Difficile d’en vouloir aux responsables de Comtoyou d’avoir changé leur fusil d’épaule dès l’instant où ils ont estimé que financièrement, ce n’était plus jouable. Si nous avions eu un argument budget à faire valoir, on aurait eu notre mot à dire, mais je le répète, ce n’était pas le cas, seule la saison de Gilles Magnus ayant été financée. Le sport automobile coûte de plus en plus cher, et les budgets dont on dispose sont parfois limités. On profite de soutiens, comme Uhoda ou la Loterie Nationale, mais n’allez pas croire que cette dernière donne la priorité au sport auto. Résultat : en devant officialiser la nouvelle concernant Denis Dupont, on peut comprendre que certains tirent la gueule, que le pilote soit déçu et qu’au sein du team, on sert les poings en tentant de boucler les budgets. Personnellement, j’ai horreur de laisser les gens au bord de la route, et si ça ne tenait qu’à moi, j’aiderai tout le monde. Ce n’est hélas pas possible. Dans cette histoire, on a pris une claque, c’est sûr. Mais c’est ainsi…"
Résultat de cette mise à pied de Denis Dupont, une déferlante de critiques à l’encontre d’un RACB National Team diabolisé par certains… "J’ai une réponse pour toutes ces remarques, poursuit Marc Duez. Au RNT, on fonctionne avec les moyens que l’on a. Certains pilotes ont vu leur programme chez nous s’arrêter ? Exact. Mais je n’ai pas l’impression qu’on s’est un jour débarrassé d’un mec qui était trop bon. Il y a des conditions à remplir, et des décisions sont prises collégialement suite à des évaluations. Certains pilotes, comme Dries Vanthoor ou Sam Dejonghe, sont partis de leur plein gré avec d’autres projets. Neal Van Vaerenbergh a choisi une autre voie, etc. Nous sommes souvent restés en bons contacts avec les pilotes qui nous ont rejoints à un moment donné. Mais il faut se rendre à l’évidence : on ne peut pas sortir un pilote de F1 ou un champion du monde de rallye tous les ans !"
Et Marc Duez de revenir sur la notion de soutien apporté aux pilotes du RNT… "Il y a l’argent, bien sûr, mais pas seulement ! C’est le fruit d’un travail quotidien. On a la chance de connaître pas mal de monde, et quand vous êtes en mesure de vous assoir à une table pour envisager des projets avec Malcolm Wilson, Michel Nandan, Guy Fréquelin ou Martin Withmarsh, cela permet de faire avancer les dossiers. Il faut aussi tenir compte de cet aspect des choses qui constituent une partie du travail du RACB National Team."
Ainsi soit dit. Et que celui qui pense que Marc Duez ne sait pas de quoi il cause peut se signaler. Cela n’empêchera néanmoins pas ‘Le Grand’ de dormir… (Vincent Franssen)