Que cet automne est dur, cruel même, avec le monde du rallye dans notre pays. Dans la foulée du Condroz, le destin a frappé une nouvelle fois, du côté de Bellevaux, fauchant dans son élan un pilote de très grand talent, éternel pourvoyeur en spectacle. A 56 ans, Bruno Blaise a tiré sa révérence dans la troisième spéciale d’une épreuve qui était sienne, et qu’il menait d’ailleurs après un ultime scratch dans le premier tronçon des Crêtes.
La suite, on la connaît. Et on n’y reviendra pas. Elle a laissé ses innombrables amis et potes du rallye sans voix. Le temps finira par sécher les larmes, les bolides se lanceront à l’assaut de nouvelles spéciales. Mais sans Bruno…
Au-delà du pilote qui domptait cette Opel Corsa A comme seul un Bernard Munster a pu le faire par le passé, il y a l’homme, dont ses amis de l’East Belgian Racing Team, le club de sa vie, parlent ce lundi avec la gorge nouée. Bruno Blaise, ce personnage aussi discret qu’attachant. Ce ‘winner’ qui, à 56 ans, entendait encore ‘faire la leçon’ aux jeunes loups, qui plus est au volant d’un bolide d’une génération d’avant. Dont la soif de victoire était toujours grande, et qui était le premier, lors des célèbres réunions des pilotes de l’EBRT, à rendre hommage à ceux qui l’avaient obligé à se cracher dans les mains. Il voulait la gagne, mais pas la gloire. Pas les interviews, non plus… Pas son truc… Raison pour laquelle, en dehors des classements, il ne se mettait jamais en évidence, préférant l’ombre à la lumière.
Fidèle, Bruno Blaise l’était. Seule une jambe cassée pouvait l’empêcher de prendre part aux réunions du club ou d’assurer ses relais à une buvette de l’EBRT. Et encore… Un passionné comme il en existe peu, un acharné du boulot, qui gérait sa carrosserie avec tout le savoir-faire qu’on lui reconnaissait.
Tel était l’homme, peu causant, parfois maladroit, mais déterminé comme jamais. Et ce pied droit, tellement lourd…
Au lendemain d’un dimanche aussi triste que la météo qui régnait sur la région de Malmedy, il reste les souvenirs, les images de ces passages flirtant avec la limite, ces chronos époustouflants, cette place de leader qui était de nouveau sienne à l’entame de cette spéciale que personne n’oubliera.
Ses amis de l’EBRT, en ce début de semaine morose, ont une pensée énorme pour Geoffrey Razzi, copilote du jour, et pour Valery Soret, son copilote régulier depuis 2016.
Ainsi s’en est allé Bruno Blaise, l’artiste à la Corsa, qui a vécu sa passion jusqu’au bout… Jusqu’à un funeste dimanche de novembre… (Vincent Franssen)