Il existe une poignée d’amateurs recherchant avidement certains objets, communément nommés ‘memorabilia’. A l’époque du grand Francorchamps, très peu de ‘collectors’ étaient diffusés. Au cœur des ‘50s, c’est la décalcomanie qui est reine, mais c’est un objet plus qu’éphémère et très rare à débusquer. A la fin des ‘60s, par contre, les autocollants sont distribués en masse. Il y a aussi les fanions et écussons en tissu, colifichets prisés des ‘Golden Sixties’, que l’on trouve sporadiquement au détour des bourses spécialisées.
Le Graal reste bien entendu le badge en émail cloisonné, gravé par la maison Degreef de Bruxelles. Un magnifique médaillon que les sportifs arboraient fièrement sur la calandre de leur voiture.
Objet fantaisiste et délicieusement désuet, ce flipper en bois estampillé FRANCORCHAMPS a fait la joie des gamins des années ‘50, aux côtés de la célèbre série des Formule 1 Dinky Toys.
Deux disques 45 tours attirent notre curiosité : le premier a été pressé en Angleterre en 1958. C’est une pure merveille, un truc à vous sortir de la morosité en cette période de disette automobilo-sportive. Cet enregistrement couvre fidèlement le Grand-Prix d’Europe (Formule 1) disputé à Francorchamps en 1958. La totalité des prises de son jouissent des commentaires éclairés de John Bolster, le reporter vedette de la BBC, grand spécialiste du sport automobile. Il nous invite à suivre le déroulement de l’épreuve : nous vivons la fièvre de la mise en grille et percevons l’anxiété du départ. Le reste des prises de son s’égrène tout au long du circuit, ligne droite de Masta comprise.
Cette fantastique symphonie contraste avec le second disque intitulé ‘Les 24 Heures de Francorchamps’ (Vigan Editions, 1972), étrange et insolite à souhait. Nous devinons l’accélération à la sortie de l’épingle de la Source, puis les passages dans la montée vers les Combes. On entend épisodiquement une musique lugubre, propre à donner le cafard à une école de clowns et en plein milieu d’une plage nous entendons ‘Il est 21 heures 50 !’. Nous nous demandons toujours quel fut le but poursuivi par le créateur de cette curiosité sonore.
D’autres ‘collectors’ font la joie des passionnés : brassards de pilotes, laissez-passer ou carton estampillé ‘Commissaire de Route’ ou ‘Officiel’. Ces témoins d’un temps révolu font encore rêver une poignée d’amateurs, mais pour combien de temps ? Nous vivons à regret un temps où le virtuel prend le pas sur les traces matérielles. (Christophe A. Gaascht)