Si Toyota semble toujours se demander ce qui a bien pu provoquer la faillite de la TS050 Hybrid #5 à l'entame du dernier tour des 24 Heures du Mans, dans les rangs de Porsche, on doit toujours se pincer pour croire que la victoire est bel et bien tombée dans l'escarcelle pour la 18ème fois. Une situation que la marque allemande a déjà vécue par le passé. Flash-back...
En 1954, Porsche engage 3 Spyder 550 en catégorie Sport 1500cc et un Spyder 1100 dans la catégorie inféreure. La concurrence ? Deux Osca 1500 et une 1100. Ce sont des barquettes italiennes très performantes à moteur avant 4 cylindres, 2 arbres à cames en tête, conçues par des anciens ingénieurs de Maserati, qui donnèrent longtemps du fil à retordre à Porsche. Bientôt deux des Spyder 550 1500 abandonnent : piston crevé. Et quand plus tard, le troisième s'arrête au stand pour la même raison, piloté par les Belges John Claes et Pierre Stasse (tous deux anciens vainqueurs de Liège-Rome-Liège), après de longues palabres, Ferry Porsche et le motoriste Ernst Fuhrmann font enlever les deux bougies du cylindre défectueux et renvoient les Belges en piste !
Dans la dernière heure de course, les deux Osca concurrentes ont 15 tours d'avance sur la Porsche et en bataillant entre elles, elles s'accrochent et sortent de la route ! La voiture victorieuse de nos compatriotes passe la ligne d'arrivée presque au ralenti. Il en est de même en catégorie 1100 : l'Osca en tête casse son pont dans le dernier tour ! Cette double victoire de Porsche, même si elle n'était pas glorieuse, était importante pour le marché allemand et surtout américain, où il y avait une forte concurrence avec les petites sportives anglaises (MG, Sunbeam, Singer, Triumph...).
Conclusion : même si ce n'était pas au classement général, Porsche avait déjà vu une victoire tomber du ciel en 1954. De là à dire que la marque allemand est bénie des dieux dans la Sarthe... (René Jeukenne)