Suite de notre analyse sur la santé - toute relative - des compétitions sur circuit dans notre pays. L’article publié la semaine dernière sur ce site a fait grand bruit. Nous y interpellions la toute puissante fédération nationale, le Royal Automobile Club of Belgium, afin de prendre connaissance de son point de vue sur la chose, et savoir ce qui est réellement en son pouvoir pour tenter d’améliorer la situation et lutter contre une certaine sinistrose. Rendons grâce à Xavier Schène, Directeur Général du RACB Sport, qui nous a rapidement contactés afin de fixer un rendez-vous et débattre du vaste sujet. A bâtons rompus, ou presque…
Avec pour commencer une confirmation : oui, le RACB va bien reprendre en main le TCR Benelux. Un nouveau concept sera présenté sous peu. Très vite, même. On en reparlera. "Mais quoi qu’il arrive, les teams qui ont investi dans une ou plusieurs TCR ne risquent pas d’être lésés, précise Xavier Schène. Cette catégorie a le vent en poupe, et comme le GT4, elle profite d’une internationalisation galopante. Trouver candidat acquéreur d’une TCR n’est pas très difficile. Le marché est toujours plus fourni. Ce n’est pas comme si en Belgique, on avait lancé un championnat avec un produit propre, spécifique, et qu’après deux ans, on tirait la prise en s’excusant…"
Une offre internationale toujours plus importante
Point relevé par beaucoup : l’homologation de bolides communs au Belcar et au BGDC, qui semble déforcer les deux plateaux. "Dès l’instant où un organisateur ou un promoteur nous demande d’élargir sa réglementation en l’ouvrant à des bolides aussi répandus que des Porsche Cup ou des Silhouettes, il ne nous appartient pas, au RACB, de lui interdire la chose, explique Xavier Schène. C’est d’autant plus vrai quand ces mêmes voitures sont autorisées dans le Supercar Challenge d’origine hollandaise, la 24H Series, le V de V français et autres compétitions du même type. Je ne suis d’ailleurs pas sûr que cette concurrence entre Belcar et BGDC soit réellement à la base des défections constatées sur les grilles de départ de ces compétitions."
Ce qui nous amène à l’évolution de la demande en circuit, qui peut - elle - expliquer la réduction de certains plateaux… "La concurrence internationale est là, et on se retrouve avec de plus en plus de pilotes qui privilégient le panachage de leur calendrier, et qui aiment se faire plaisir en misant sur des destinations plus exotiques que Spa, Zolder ou Mettet, poursuit Xavier Schène. Au risque d’en surprendre certains, le nombre de licences attribuées par le RACB est en constante augmentation chaque année ! Il y a donc bel et bien toujours plus de pilotes, mais les programmes des uns et des autres sont bien plus variés que par le passé. Et ne passent plus nécessairement par nos compétitions nationales… Ce qui est sûr, par contre, c’est que la situation est devenue plus compliquée pour les jeunes pilotes. Si on analyse les compétitions nationales en Europe, on s’aperçoit aussi qu’en dehors du BTCC, les temps ne sont simples pour personne. Ce n’est donc pas un problème ‘belgo-belge’, c’est généralisé…"
Ce que Xavier Schène relève aussi, c’est un changement de mentalité des pilotes… "Le sport auto coûte cher, c’est bien connu et cela a toujours été le cas. Ce qui explique partiellement le succès de la VW Fun Cup, des compétitions historiques ou des Track Days. Dans ces formules, les contraintes sont moins fortes que dans des championnats officiels. Le pilote qui a envie de se faire plaisir va logiquement mettre tout en œuvre pour limiter au possible ses dépenses. Sa voiture n’est pas exactement conforme à tel ou tel règlement ? Pas grave, il ira rouler là où il pourra le faire. Dans des séries plus libérales au niveau réglementation… ou lors de Track Days."
Aux organisateurs et promoteurs d’être donc assez convaincants et novateurs pour attirer les concurrents…
Ensemble, pour être plus forts…
Et ces organisateurs et promoteurs, ils sont confrontés à des tarifs de location des circuits toujours plus effrayants… "Une fois encore, difficile pour une fédération d’aller trouver telle ou telle société en lui demandant de revoir sa tarification à la baisse, reprend Xavier Schène. Un groupe de travail réunira dans les prochains jours les responsables des circuits belges et des différents championnats, et chacun pourra s’exprimer. Comme on peut le constater depuis un certain temps, la solution passe notamment par une association entre compétitions, qui se retrouvent en piste ensemble, dès l’instant où les bolides sont du même type. Cela assure des grilles de départ bien remplies, et réduit les frais de chacun."
Une tendance qui se vérifie depuis quelques années déjà dans les compétitions historiques, par exemple. Notamment à Francorchamps.
On le comprend dans les mots de Xavier Schène, le sport automobile évolue, et face à une offre, notamment internationale, en augmentation permanente, les possibilités de trouver chaussure à son pied sont bien plus grandes qu’auparavant. Le temps où il était naturel de disputer un championnat national semble bel et bien être révolu… D’autres disciplines sont plus accessibles, de moins en moins contraignantes, et elles attirent forcément du monde. Ce qui signifie aussi, implicitement, qu’un titre de Champion de Belgique a sans doute moins de valeur aujourd’hui que par le passé…
Quant à notre idée de réunir à quelques reprises durant l’année TCR Benelux, BGDC, Belcar, Porsche Challenge Benelux, Fun Cup, 2CV Racing Cup et Belgian Historic Cup, histoire de recréer des ‘super meetings à la belge’, elle fait plutôt sourire notre interlocuteur… "Le souci, c’est que la majorité de ces championnats sont de type endurance, analyse Xavier Schène. Il nous faudrait donc un Track Time de fou pour satisfaire tout le monde. Avec des meetings sur quatre jours. Impensable…"
Ce qu’on retiendra de cet échange – très convivial, faut-il le préciser – avec le Directeur Général du RACB Sport, c’est que pour survivre, nos compétitions nationales doivent s’adapter aux nouvelles donnes, notamment en termes de concurrence. Le sport automobile change, qui plus est dans une société où il a de moins en moins la cote, et pour réussir, il faut jouer la carte de la différence, ou tenter de trouver des partenaires qui cherchent la même chose que vous. Le crédo ‘c’était mieux avant…’ n’est sans doute pas faux, mais le passé, c’est le passé, et c’est aux contraintes de 2017 qu’il faut pouvoir s’adapter. Ce qui n’est pas une mince affaire… (Vincent Franssen)