On l'a compris, la Fédération Internationale de l'Automobile a décidé, depuis plusieurs mois, de sévir à plusieurs niveaux, en analysant notamment le comportement des compétiteurs durant les épreuves mondiales et autres. Si une certaine colère gronde dans le petit monde des pilotes de F1, alors que la saison n'a pas encore commencé, côté rallye, les premières amendes, salées, sont tombées. Après le Monte-Carlo, c'est Oliver Solberg qui avait hérité de 5000 euros de pénalité pour avoir osé 'drifter' au passage de la célèbre épingle du Grand Hotel. Il n'avait pas été le seul, vidéos à l'appui, mais lui s'était vu infliger l'amende.
Rebelote en Suède, avec cette fois une interview d'Adrien Fourmaux qui contenait l'expression 'we fucked up yesterday', en lien avec sa sortie de route de samedi. Le verdict est tombé : 10.000 euros d'amende !
L'initiative est louable, dès l'instant où le public des épreuves du championnat du monde des rallyes (comme la F1, le WEC et les autres disciplines majeures) est très large, et peut comprendre de jeunes oreilles.
Cette même initiative nous parait néanmoins disproportionnée à une époque où le langage châtié a depuis longtemps quitté les sphères d'expression, à commencer par les réseaux sociaux. Chacun, dans la vie de tous les jours, use et abuse de gros mots, à commencer par le public des adolescents, qui se fout comme de sa première culotte de la bien-pensance de certains. Mieux : plus on édicte des règles, moins ce public les applique.
Si, au sein de la Fédération Internationale, on se met à décortiquer le contenu de toutes les interviews accordées ça et là par les pilotes, responsables de teams et autres personnalités, il risque de pleuvoir des amendes tout au long de l'année. Et sur le front de la F1, ce sont tout simplement les conversations radio entre pilotes et équipes qui risquent de ne plus être diffusées, dès l'instant où 'fuck' est une expression utilisée toutes les 10 secondes en moyenne.
Bref, si le combat de la FIA est louable, il risque surtout de susciter la polémique de façon permanente. On avait déjà bien compris en Suède qu'un pilote tel que Kalle Rovanperä ne pouvait pas aborder l'aspect pneumatique lors des interviews avant, pendant et après l'épreuve, il va donc falloir que tout ce beau monde veille à avoir un langage approprié. Et dans le feu de l'action, ce n'est pas gagné d'avance...
Signalons pour conclure qu'Adrien Fourmaux s'est excusé pour les propos tenus ce dimanche, tout en rappelant que ce type de week-end est très compliqué à gérer d'un point de vue physique et mental, et que parfois, les mots utilisés le sont sous le coup de l'émotion.
On attend la suite, car suite il y aura forcément... (Vincent Franssen)