Trois heures à peine après la fin d’une qualification exceptionnellement longue et spectaculaire, avec pas moins de 5 drapeaux rouges, les pilotes remontaient dans leurs baquets pour disputer le Grand Prix du Brésil, 21ème manche de la saison. Avec une grille de départ qui réunissait Norris (McLaren) et Russell (Mercedes) sur la première ligne, avec de nombreux outsiders sur les places suivantes, soit Tsunoda (Racing Bulls), Ocon (Alpine) et Lawson (Racing Bulls), devant des habitués Leclerc (Ferrari) et Piastri (McLaren), avec enfin Verstappen (Red Bull) en 17ème position. Pour être complet, précisons qu’Albon ne pouvait prendre le départ avec une Williams trop endommagée, alors que Sainz partait des stands avec une Ferrari reconstruite, ce qui faisait deux places vides sur la grille.
Au départ du tour de formation, il ne pleuvait pas mais la piste était encore humide, imposant les gommes intermédiaires. Le premier coup de théâtre était pour Stroll (Aston Martin), qui perdait le contrôle de son Aston Martin au virage #4 avant de s'ensabler. La procédure de départ était reportée d’un tour, avant d’être différée d’une dizaine de minutes.
La pluie revenait au dessus du circuit au moment du vrai départ. Sur des œufs, Russell réussissait le meilleur envol devant Norris avec Tsunoda, Ocon et Lawson derrière lui. Leclerc passait rapidement le Néo-Zélandais quand Piastri, Alonso (Aston Martin), Gasly (Alpine) et Verstappen complétaient le top 10. Prudent dans les premiers virages, le Néerlandais attaquait plus fort dans le secteur intérieur pour gagner 7 places au premier tour avec Hamilton (Mercedes) derrière lui. A l’inverse, Perez (Red Bull) partait à la faute dans cette première boucle.
Russell filait devant pendant quelques boucles avant de voir Norris revenir derrière lui, ce duo creusant rapidement une belle marge sur Tsunoda. Dans le peloton, Verstappen passait Gasly puis Alonso avant de revenir sur le duo Lawson / Piastri. Deux boucles plus tard, le champion du monde pointait à la 6ème place. Un peu plus loin, Bearman (Haas) heurtait Colapinto (Williams) et partait en tête-à-queue quand Hamilton allait au large dans l’herbe et se faisait déborder par l'Argentin après une belle passe d’armes.
Au 20ème tour, alors que la pluie revenait plus fort au dessus du circuit, les deux Britanniques, ensemble, comptaient près de 9 secondes d’avance sur un quatuor serré, avec Tsunoda, Ocon, Leclerc et Verstappen.
Le Monégasque s’arrêtait le premier (25ème tour) pour chausser un nouveau train d’intermédiaires juste avant que Lawson ne parte en tête-à-queue, aidé par Piastri qui allait écoper de 10 secondes de pénalité.
Juste après, la sortie d’Hulkenberg imposait le régime de VSC. Tous les pilotes s’arrêtaient sauf les six premiers. Russell et Norris patientaient un tour de plus mais pas Ocon, Verstappen et Gasly qui restaient en piste alors que la pluie redoublait d’intensité. Alors que les monoplaces roulaient presque au ralenti, la direction de course sortait la Safety-Car ; mais juste avant Norris trouvait la faille sur Russell, pour ce qui était devenu la 4ème place, derrière le trio Ocon, Verstappen et Gasly.
Pour corser encore la course, Colapinto, en 16ème position pendant cette période de Safety-Car, perdait sa voiture dans la remontée vers l’arrivée et détruisait la seconde Williams de la journée. Le drapeau rouge, le sixième du jour, était déployé, alors que la mi-course n’était pas encore atteinte (33ème tour). Une aubaine au passage pour le trio de tête qui pouvaient changer de gommes 'gratuitement'. Pendant ce temps, Hulkenberg était disqualifié pour aide extérieure au moment de son incident.
Près de 25 minutes plus tard, le Grand Prix était relancé après un tour seulement derrière la voiture de sécurité. Les trois premiers ne changeaient pas mais Norris partait au large et laissait passer Russell. Devant, Ocon roulait fort et creusait un écart de plus de 3 secondes sur Verstappen au 40ème tour. Le moment choisi par Sainz, 13ème, pour envoyer sa Ferrari dans le rail, et imposer une nouvelle Safety-Car, et le regroupement du peloton.
La course reprenait au 42ème tour avec Verstappen qui passait Ocon et Norris qui tirait tout-droit au premier virage et perdait des positions jusqu’au 7ème rang, derrière Piastri. Et cette fois, le Néerlandais tenait sa proie. A 20 tours de l'arrivée, Il comptait près de 5 secondes d’avance sur Ocon et Gasly. Non loin du Français, Russell roulait en 4ème position devant Leclerc, qui contenait derrière lui Norris et Piastri. Tsunoda, Lawson et Perez complétaient le top 10, abandonné par Alonso, sorti au large dans le dernier virage au moment de la relance. La bagarre entre Lawson et Perez permettait à Hamilton de passer le Mexicain et de rentrer à son tour dans les points.
Mais loin devant, c’est avec près de 20 secondes d’avance que Verstappen renouait avec la victoire, quatre mois après son dernier succès, en juin à Barcelone, empochant au passage un 8ème trophée en 2024, le 62ème de sa carrière. Grâce à leur beau coup de poker, les deux Alpine suivaient, dans l’ordre Ocon / Gasly, faisant une belle affaire au championnat, avec Russell en embuscade en 4ème position. Leclerc ramenait la seule Ferrari restante à la 5ème place devant Norris, Tsunoda, Piastri qui perdait une place en raison de sa pénalité, et Lawson qui résistait jusqu’au bout à Hamilton.
Perez était le premier hors des points et devançait sur la ligne d’arrivée Bearman (Haas), auteur de plusieurs erreurs, Bottas (Kick Sauber), Alonso et Zhou (Kick Sauber).
Ce Grand Prix du Brésil faisait évidemment les affaires de Max Verstappen au championnat, qui porte son avance sur Norris à 62 points. Même chose pour Red Bull qui se rapproche à 13 points de Ferrari et revient aussi sur McLaren au championnat Constructeurs.
Après ce dimanche haletant, il faudra maintenant patienter deux semaines pour le dénouement de la saison 2024, avec trois courses au programme, dont un sprint, en autant de week-ends : Las Vegas, Qatar et Abu Dhabi. (René-Jean Labrique)