Avec finalement 167 voitures au départ, le Rallye de Hannut a ouvert la saison des rallyes de la Fédération Wallonie-Bruxelles en grandes pompes. Et avec des routes certes sèches, mais rendues glissantes par la poussière qui les recouvrait, le spectacle a été à la hauteur des espérances et le suspense entier de bout en bout. Les débats auraient même pu être plus palpitants encore si certaines Mitsubishi Lancer Evo n’avaient pas été frappées parla malchance. Celles du Néerlandais Jari Van Hoof et du Tirlemontois Marc Turrion ont en effet marqué le début de course en se hissant un moment en tête du classement. Van Hoof s’imposait comme le premier leader, ex-aequo avec le chauffagiste de Landen Jimmy D’hondt. Mais il était stoppé par le bris d’un bras de suspension dans l’ES2. A la fois rapide et régulier, Marc Turrion se rappelait alors au bon souvenir de tous en prenant la direction des opérations lors de l’ES3. Mais une crevaison dans l’ES 4 occasionnait tellement de dégâts à sa carrosserie que les commissaires techniques lui interdisaient de poursuivre la course. Désolant.
Dès lors, la lutte pour les premières places s’engageait entre les Rally2 et les Porsche 911 GT3. Si Romain Delhez (Porsche 991 GT3) et Jimmy D’Hondt (Citroën C3 Rally2) avaient le mieux négocié la première boucle, Nicola Stampaert (Skoda Fabia RS Rally2) montait progressivement en puissance, ayant au départ été un peu handicapé par son manque de connaissance du terrain. Les trois hommes se livraient un passionnant chassé-croisé, le leadership changeant de mains toutes les deux spéciales, avant que Stampaert ne s’installe définitivement en tête au début de la dernière boucle pour finalement s’imposer avec 42 secondes d’avance.
"Je suis évidemment très heureux de ce résultat, déclarait le Flandrien avec un grand sourire à l’arrivée. En cinq ans de compétition, c’est ma toute première victoire. Ce ne fut pas facile car le terrain était souvent glissant, avec de nombreux changements d’adhérence. Je pense que j’ai bien construit ma course, en prenant le temps de trouver mes repères pour hausser progressivement le rythme."
Delhez ayant raté un freinage dans l’avant-dernier chrono, il n’était pas récompensé de ses 5 scratches en devant se contenter de la 5ème place, derrière un Cédric Hubin (Skoda Fabia) qui manquait un peu de rythme par rapport à ses adversaires en Rally2. Autre pilote étant monté progressivement en puissance, David Croes (Porsche 991 GT3) terminait en force avec un 2ème temps scratch qui lui permettait de coiffer sur le fil Jimmy D’hondt à la 2ème place.
"Pourtant, j’ai eu très chaud dans l’avant-dernière spéciale, commentait David à l’arrivée. Je suis venu un peu trop vite dans un freinage pour un T Gauche. Tout-droit, j’aurais plongé en contrebas. A gauche, il y avait un mur en sortie. J’ai tenté le coup de tirer le frein-à-main et ça est passé tout juste. Ce résultat est tout à fait inespéré car je n’avais pas confiance dans le train avant de la Porsche après le Shakedown. J’y suis allé crescendo et finalement, tout s’est bien passé. Je suis très heureux, aussi pour Fabrice Berode qui m’a offert cette belle expérience."
Parmi tous ces "gros cubes", Kenny Herbillon a livré une très belle prestation pour ses débuts sur la Clio Rally3 SXM, se hissant dans le Top 10 de la D4. Un peu en retrait, 14ème quand même, Pierre Henrioulle est sorti à son avance d'une belle lutte avec Jérémy Doumont pour la victoire en Classe 12. Tous deux devançaient les Néerlandais Michiel Poel et Paul Allerts, qui se sont battus pour la coupe de la Classe 13.
Corentin Tordeurs en D1-2-3
Net dominateur des Divisions 1-2-3 (voitures en pneus conventionnels), Kevin Humblet, auteur du meilleur temps de catégorie dans 10 des 11 premières spéciales, s'est longtemps battu pour la 7ème place au général avec sa DS3 R3. Et il aurait terminé dans le Top 10 s'il n'avait été éliminé par un bris de boîte de vitesses dans le tout dernier chrono, alors qu'il comptait 3'25" d'avance sur Corentin Tordeurs (Clio 2 RS). Ce dernier, un petit ton au-dessus de ses adversaires en Classe 10, grâce surtout à plus de régularité, héritait ainsi de la victoire en Division 3 en plus de la Classe 10, bien qu'ayant dû composer avec une panne de démarreur en fin de course. Derrière lui, la lutte a été passionnante entre Bart Vandevelde (Clio 3 RS), Jonathan Rémilly (DS3), Michaël Pirnay (Clio 2 RS), Tom Mahaut (Saxo 16v) et Johan Cuyvers (C2 R2), qui terminaient dans cet ordre après de multiples chassés-croisés. Vandevelde a mené une course crescendo pour devancer de 6" un Rémilly peu rassuré par des problèmes de freins. Pirnay a signé quelques très bons temps mais a été perturbé en fin de course par un problème d'inscription sur son carnet de route. Pour sa découverte de la C2 R2 de Francis Leroy, Johan Cuyvers, copiloté par Loïc Dumont, est progressivement monté en puissance et aurait mérité de remporter la Classe 9 mais il était coiffé sur le fil suite à un chrono invraisemblable attribué à Tom Mahaut dans la dernière ES. Derrière Kylian Debroux et Christophe Collard, 3e et 4e en Classe 9, Joakim Warnant s'adjugeait la Division 2 et la Classe 6 loin devant Stijn Papijn. Lionel Radoux héritait quant à lui de la 1ère place en classe 11 suite au retrait de Humblet. Belle 11ème place en D1-2-3 pour Daphné Henry, de loin la meilleure dame au volant puisqu'elle a devancé de 2 minutes Clémentine Benoît, qui a bien effacé sa violente sortie du Rally van Haspengouw en terminant 4ème en classe 4-12.
En Classe 2-5, le suspense est resté entier entre Tristan Magnery, les cousins Laurent Secrétin et Bernard Heine, qui se relayaient à nouveau au volant en fonction des spéciales, et Aaron Duville. Peu rassurés par un excès de frein sur l'arrière, les cousins n'ont pas pu compenser par un beau sprint final le temps perdu sur Magnery en début de course.
Seul engagé en Division 1, Bastien Heine ne s'est pas contenté d'assurer un succès facile. Il s'est bien battu pour devancer Philippe Robyns, lauréat en classe 2-4. Longtemps meilleur équipage féminin, Allison Henrot et Chloé Willemet ont malheureusement dû renoncer en vue de l'arrivée, laissant cet honneur à Sophie Lallement et Marine Maquinay.
Wauthier et Delchambre en 'Historic'
En Historic, on a assisté à un beau duel entre Thibaut Wauthier (BMW E30) et Jean-Marc Dechany (Peugeot 205) pour la victoire en S/R (voitures transformées). Le second cité, quand même premier en Classe 21, ayant dû composer avec divers petits problèmes, outre l'énervement d'être bloqué pendant une minute dans l'ES8 et de devoir attendre longtemps un temps "manquant" dans l'ES 5, Wauthier a offert à Guy Burniat la saveur d'un nouveau succès pour sa première course en Historic. Constamment en embuscade derrière le duo de tête, Simon Destexhe montait également sur le podium en résistant de justesse au rush final de Bernard Lamy. Après l'abandon du Britannique Shields en fin de course, Laurent Poncin s'adjugeait la classe 22 malgré un échappement cassé.
En Classic, Laurent Detal, auteur de 7 meilleurs temps, était comme prévu le plus rapide mais la chance n'était pas avec lui à Hannut. "J'ai ouvert le train avant en prenant un gros trou dans un freinage, expliquait-il. J'ai perdu plus de 9 minutes en mécaniquant dans l'ES 4."
Premier leader, Michael America (auteur de 2 scratches) devait renoncer peu après la mi-course. Finalement, Arnaud et Céline Delchambre profitaient de leur régularité pour l'emporter nettement devant Michaël Renson, un peu perturbé par une fuite d'huile moteur, Michaël Henrard et le malheureux Laurent Detal. 2ème après la 2ème boucle, Alain Begon a été éliminé en fin de course. Auteur de quelques très bons chronos pour ses débuts sur une BMW 323i, Julien Libioul a perdu gros en devant passer par le SuperRally après un bris de cardan dans l'ES 1.
Notons que malgré les conditions de course très sélectives, on n'a enregistré que 58 abandons sur 167 concurrents. Pratiquement tous étaient en tout cas enchantés d'avoir passé une très bonne journée sous le soleil. (Vincent Franssen & Comm / Photos Jérôme Deskeuvre & Photo Mathieu)