Thierry Neuville l'avait annoncé : la Lettonie allait être le rallye le plus difficile de la saison, avec un balayage plus important encore que partout ailleurs. Et dès les premières spéciales vendredi, le ton était donné, et la 8ème place du classement général scellée, sans grand espoir de progresser à la régulière. Même si les pilotes M-Sport ont fini par faiblir, le Saint-Vithois a engrangé les 3 points de samedi, non sans achever le 'Super Sunday' à une belle 5ème place, ce qui lui valait 3 points supplémentaires. Et même si les chances de briller dans la Power Stage étaient minces, Thierry a une fois encore tout donné, pour finalement signer un quasi improbable 3ème meilleur chrono. Synonyme de 3 nouveaux points. Bilan comptable de cette épreuve qui se présentait tellement mal : 9 points ! Certes, Neuville a perdu quelques plumes au championnat, mais il reste leader avec 8 points de bon sur... Ott Tänak, qui a débordé Elfyn Evans, pointant désormais à 13 unités. Alors que la Finlande est en point de mire...
Une fois encore, Neuville n'a rien à se reprocher. Il n'a pas commis d'erreur ce week-end, faisant preuve d'une abnégation peu commune, même si la frustration transpirait régulièrement dans ses propos. Le règlement est ainsi fait, et la lutte avec Tänak et Evans sera palpitante jusqu'au bout, et notamment sur des épreuves moins défavorables au leader du championnat !
Si Kalle Rovanperä et Sébastien Ogier ont offert un doublé 'programmé' à Toyota, ayant profité à fond de leurs positions sur la route, fruit de programmes partiels, Ott Tänak a été un autre exemple d'abnégation ce week-end. L'Estonien a exercé une pression de dingue sur le héros local Martins Sesks (Ford), pour arracher le podium final. Malgré le coup de l'arche écroulée la veille. Le plus dangereux rival de Thierry pour le titre, c'est donc sand doute son propre équipier. Qui sera de nouveau à son avantage en Finlande, mais moins en Europe centrale et au Japon. Voilà qui promet...
La déception de la fin de rallye est à mettre sur le compte de Martins Sesks, qui a commis plusieurs erreurs - avouées - avant de rencontrer, comme Adrien Fourmaux et Grégoire Munster, un souci technique dès l'entame de la Power Stage. Le Letton, fils de Liepaja, a laissé 1'45" d'un coup, ce qui le fait dégringoler en 7ème position... 1"0 devant Neuville ! Pour M-Sport, ce dimanche a donc eu des allures de petite débandade. Dommage... Il n'empêche, Sesks a séduit. On en reparlera.
Signalons encore la 6ème place finale d'un Elfyn Evans (Toyota) qui a également fait le job, et qui engrange 2 points de plus que Neuville au championat. Mais le Gallois semble toujours aussi fragile mentalement dans les moments clefs.
Quant à Esapekka Lappi, il reste l'énigme de la Lettonie. Idéalement placé sur la route, on le voyait en mesure de se battre pour la gagne, et dès le début de l'épreuve, il était à l'agonie, en manque total de grip. 'EP' a bu le calice jusqu'à la lie, terminant la Power Stage au ralenti, moteur hors d'usage... A revoir en Finlande, avec un autre résultat à la clef, sous peine de suite de carrière une nouvelle fois compliquée...
Preuve de l'intensité de la bataille en WRC, et en dépit des commentaires trop fréquemment lus ça et là, le bras de fer entre Hyundai et Toyota se poursuit, avec un minuscule point d'écart avant la Finlande, à l'avantage du clan coréen.
Rideau sur la Lettonie, et vivement la suite, dans deux petites semaines à peine, sur les légendaires spéciales finlandaises... (Vincent Franssen)